Gone fishing

Au cœur de la foi chrétienne se trouvent les principes d’amour, de compassion et de grâce, mais ils sont souvent éclipsés par les débats houleux autour de la moralité, en particulier en ce qui concerne la sexualité. En tant que chrétien libéral, je propose une réflexion qui s’appuie sur ces principes essentiels pour envisager la sexualité, en particulier celle des personnes LGBTQ+, dans un nouvel éclairage.

Le Christ nous a appelés à un amour authentique, respectueux et inconditionnel. Comme le souligne le sermon sur la montagne, l’intégrité morale intérieure et le respect profond pour autrui sont essentiels. En témoigne la parole de Jésus dans Matthieu 5:27-28, où il réinterprète l’adultère non plus seulement comme un acte physique, mais également comme un désir intérieur. Au-delà d’une simple prescription de comportement, cela pourrait bien être un appel à une authentique révérence pour l’autre, dépassant la surface de nos désirs égoïstes.

Lorsque nous parlons de sexualité, ce respect mutuel, cette admiration et cette préoccupation pour le bien-être de l’autre sont des éléments fondamentaux à prendre en compte. Les relations sexuelles, dans leur idéal le plus élevé, doivent être l’expression de cet amour qui met l’autre avant soi, qui valorise la dignité et la beauté de l’autre, et qui cherche le bien-être de l’autre.

L’Evangile de Luc nous rappelle, « Jugez, et vous ne serez pas jugés; condamnez, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés » (Luc 6:37). C’est un appel à la grâce et à la compassion. Cette grâce, nous devons nous la donner à nous-mêmes aussi bien qu’aux autres. Pour beaucoup de chrétiens, notamment ceux qui s’identifient comme LGBTQ+, la honte et la culpabilité peuvent s’insinuer dans leurs pensées et leurs cœurs, à cause d’interprétations strictes ou discriminatoires des écritures sacrées. Pourtant, nous devons nous rappeler que la grâce de Dieu est plus grande que tout ce que nous pouvons imaginer.

La grâce divine est un amour inconditionnel, qui n’est pas réservé à une élite morale, mais offert à tous sans distinction. En tant que chrétiens, nous sommes invités à refléter cette grâce dans notre propre vie, en accueillant tous les êtres humains tels qu’ils sont, sans jugement, mais avec compassion et amour.

Cela implique une relecture des écritures à la lumière de notre compréhension contemporaine. Les passages bibliques souvent utilisés pour condamner l’homosexualité, par exemple, doivent être interprétés dans leur contexte culturel et historique. En les prenant hors de leur contexte, nous risquons de manquer le véritable message d’amour et d’acceptation qui est au cœur du message du Christ.

Dans une perspective libérale chrétienne, le poisson, symbole de la reconnaissance chrétienne, est

le rappel de l’essence même du message du Christ. Ce poisson, tout simple, nous rappelle la mission de Jésus lorsqu’il a envoyé ses disciples « pêcher des hommes ». À cette époque, la pêche était une métaphore puissante : elle représentait le processus de collecte, d’attraction et de transformation. De la même façon, Jésus a appelé ses disciples à attirer les âmes vers la lumière de la vérité et de l’amour divin, et à les transformer par la grâce de l’Évangile.

Aujourd’hui encore, nous, en tant que disciples du Christ, sommes appelés à cette même « pêche ». Mais, que signifie pêcher des hommes dans notre contexte actuel ? Cela implique sans aucun doute de partager l’amour de Dieu, mais aussi d’incarner cet amour en créant une communauté qui embrasse la diversité de la création divine, y compris la diversité de l’identité et de l’expression sexuelle.

Lorsque Jésus a rencontré les pêcheurs sur la rive du lac de Galilée, il ne les a pas condamnés pour leur passé ou leur situation. Au contraire, il les a accueillis tels qu’ils étaient, leur a offert une nouvelle vision de leur vie et les a invités à se joindre à lui dans une aventure de transformation personnelle et sociétale. De la même manière, nous devons accueillir tous ceux qui se sentent marginalisés ou exclus, y compris les personnes LGBTQ+, et les inviter à faire partie de notre communauté.

Cela requiert de nous, comme l’indique la parabole de la pêche, une patience infinie, une ouverture d’esprit et surtout, une volonté de voir en chacun l’âme que Dieu a créée et aime. De même que les pêcheurs n’excluent aucun poisson de leur filet, nous ne devons exclure personne de notre cercle d’amour.

Dans l’Évangile de Luc, Jésus affirme : « Il y a plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se repent que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de repentance » (Luc 15:7). En tant que chrétiens libéraux, nous devons constamment nous rappeler que notre mission n’est pas de juger, mais d’aimer ; non pas de condamner, mais de montrer de la compassion ; non pas d’exclure, mais d’accueillir.

L’Église doit être un lieu d’asile pour tous ceux qui cherchent Dieu. Que vous soyez hétérosexuel, gay, lesbienne, bisexuel, transgenre ou que vous vous identifiez autrement, rappelez-vous que vous êtes aimés. La sexualité est un don de Dieu, une partie intégrante de notre humanité, et rien en elle ne doit susciter la honte ou la culpabilité.

Ainsi, la sexualité, la grâce et l’amour s’entremêlent dans notre vie chrétienne. Enracinés dans l’amour du Christ, nous pouvons embrasser notre propre sexualité avec gratitude, étendre la grâce à nous-mêmes et aux autres, et aimer comme aux temps de l’évangile.


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